Visibilité des diasporas asiatiques à l’écran

« L’exotisme est dans mes yeux. » Un jour, Steve Tran a mis un point d’orgue à « refuser une audition avec un accent ». L’acteur ne renie pas ses origines, mais il veut plus que jamais qu’on le reconnaisse pour ce qu’il est : un Français. Un symbole vivant du creuset républicain.
Mais ledit modèle républicain affiche aussi des limites pour Simeng Wang. « On parle beaucoup de méritocratie en France, mais c’est plutôt « héritocratie », souligne la sociologue, spécialiste des migrations et diasporas asiatiques en France, en se référant à Pierre Bourdieu.
La jeune chercheuse et le comédien étaient invités à l’Espace diversités laïcité, vendredi 22 mars, à débattre sur le thème « Les diasporas asiatiques à l’écran, les nouveaux récits contre les discriminations » , en compagnie du réalisateur Sébastien Kong et de Linda Nguon, fondatrice de Banh Mi média (un collectif et média des communautés asiatiques en France).
Toutes et tous ont fait part de leur retour d’expérience. « C’est en Asie que j’ai ressenti que j’étais asiatique », souligne Linda, tandis que Sébastien évoque les clichés pour inviter à « déconstruire les images pour mieux reconstruire ». 
Sans oublier le nécessaire chemin à accomplir vers le passé. « Les histoires d’immigrations asiatiques en France sont relativement récentes et le passé colonial en Indochine n’est pas suffisamment raconté », précise Simeng.
Alors, pour augmenter la visibilité à l’écran, il faudra « partager, transmettre, mélanger les générations et donner un autre regard pour promouvoir le vivre ensemble », résume Sébastien. « On compte aussi sur les nouvelles générations », lance Steve. « Et promouvoir la transmission des mémoires », conclut Simeng.


  (1) Un débat co-organisé par le festival Made in Asia et la Mission égalité diversités à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Le débat était précédé du vernissage de l’exposition « Les travailleurs indochinois en région toulousaine pendant les deux guerres mondiales 1914-1918, 1939-1945 » et de la projection du court-métrage « Je suis personne », de Sébastien Kong et dont Steve Tran est l’acteur principal.