L’exposition « Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe Nazie » est visible jusqu’au 18 mai à l’Espace diversités laïcité. Un parcours didactique pour la mémoire.
« C’est un thème très peu étudié et très peu connu », rappelle à juste titre Fella Allal, conseillère déléguée à la lutte contre les discriminations à la mairie de Toulouse, en préambule du vernissage de l’exposition « Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie », proposée par le Mémorial de la Shoah.
« Un travail de fond, d’éducation et de transmission », renchérit Maurice Lugassy, coordinateur régional du Mémorial de la Shoah, pour qui il est plus que jamais important « d’archiver, de garder des traces pour personne ne soit oublié ».
En effet, la mémoire des triangles roses – celles et ceux déportés en raison de leur orientation sexuelle – a très (trop) longtemps été enfouie. Probablement parce qu’elle n’avait pas, au départ, une visée génocidaire : « Dans cette Europe (sous la botte Nazie, ndlr), on n’a pas la volonté de tuer mais d’évacuer. La mort dans les camps d’internement de Vichy intervient car on ne donne pas à manger aux déportés », précise Maurice Lugassy.
C’est grâce à des poignées de militants LGBTQI+ dans les années 1970 que le sujet sortira de l’oubli. Un film, Paragraphe 175, sorti en 2000, retrace parfaitement cette tragédie. On y entend de témoignage de l’un des survivants, Pierre Seel. « Il existe une plaque en son honneur à l’espace LGBT et une rue à Toulouse », rappelle Isabelle Sentis, du collectif Queer Code qui interroge et travaille sur les mémoires et l’histoire des personnes LGBTQI+ durant la seconde guerre mondiale.
« Cette exposition est composée de portraits pour garder une humanité. Cela nous ramène constamment à notre vécu, à l’autre avec sa singularité. Qu’on nous fiche la paix, qu’on laisse vivre les uns et les autres comme ils le veulent. Que cela ne soit plus un sujet », conclut Maurice Lugassy.